« Quatre morts de Listeria en Belgique. Ce n’est pas anodin » déclarait Jean-Sébastien Walhin, porte-parole de l’AFSCA à La Libre le 20 mai 2015. Peut-être mais ce qui est moins anodin encore, c’est cette amalgame bien peu scientifique : qui dit Herve, dit Listeria, qui dit Listeria, dit mort. Que l’infection par la Listeria puisse avoir de graves conséquences et même entraîner, dans de rares cas, la mort, personne ne le conteste. La question est toutefois de savoir quelles sont les principales sources de Listeria et, par rapport, à ces sources, de quoi sont mortes les quatre personnes en 2013.
Le nombre de quatre décès vient d’un rapport d’Institut de Santé publique (1) mais rien n’est dit dans ce rapport sur l’origine des décès. On y découvre néanmoins que dans 57 % des cas, la listériose est associée à une autre maladie. On y apprend aussi qu’un des problème lié à la listériose est la résistance aux antibiotiques qui diminue l’efficacité du traitement. Un problème pour lequel l’élevage industriel à une part de responsabiité.
Quelles pourraient être les sources de Listeria ? La question n’a pas fait l’objet d’études totalement systématiques mais une opinion de l’EFSA, l’Agence européenne de la sécurité alimentaire, apporte certains éléments. Selon ce rapport, la majorité des sources de Listeria sont des aliments préparés. Lors d’une enquête menée entre 2010 et 2012 (2), Listeria monocytogenes était surtout présente en Europe dans les produits de la pêche (10 %), dans les plats préparés à base de viande (2 %) et dans les fromages dans seulement 0,5 % des cas. Il y a donc 25 fois plus de chance d’attraper une listériose en mangeant un produit de la grande distribution et de l’agriculture industrielle qu’en consommant des fromages. Pourquoi le porte-parole omet-il de préciser cela dans son interview mais aussi dans un communiqué de presse (3) ? Pourquoi ne fait-on pas le lien entre ces sources de contamination principales et les morts mis en avant par l’AFSCA ? En focalisant le débat sur Listériose et fromage, et donc sur la production artisanale et locale, le responsable de l’AFSCA fait un choix qui n’est pas scientifique et qui nie les données disponibles. C’est au mieux un mensonge par omission, au pire de la manipulation. Est-ce normal de la part d’un organisme public comme l’AFSCA dont le rôle est notamment d’informer honnêtement le consommateur ?
- http://bacterio.iph.fgov.be/reporting/reportspdf/Centre%20Listeria%20rapport%20annuel%202013-final.pdf
- http://www.efsa.europa.eu/fr/corporate/doc/factsheetlisteria2014_fr.pdf
- http://www.afsca.be/communiquesdepresse/2015/2015-05-28.asp
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