Accélérer la transition

Un congrès pour accélérer la transition vers un développement durable

un article paru dans La Libre du 19 mai 2015 – Valentin Dauchot

Un congrès international et interdisciplinaire du développement durable s’ouvrira mercredi sur les sites de l’ULB et de l’UCL, et réunira pendant trois jours scientifiques, pointures internationales du développement et acteurs de la société civile autour d’une question : « Comment accélérer la transition ? »

« Vous noterez qu’on parle de transition et non de développement , explique Philippe Baret, professeur à la faculté d’ingénierie biologique de l’Université catholique de Louvain et impliqué dans l’organisation du congrès. Parce que le terme ‘développement durable’ pose deux problèmes : il peut faire l’objet de plusieurs définitions, et il manque de clarté. Aujourd’hui, il faut rester modeste et accepter le fait que c’est le processus qui compte. Au lieu de discuter pendant des heures sur l’orientation à prendre, il faut poser des choix cohérents par rapport à une série de défis, et mettre l’accent sur les moyens à mettre en œuvre pour réaliser cette transition. »

Etre rationnel ne fait pas changer

D’où la volonté de réunir des scientifiques de tous bords pour les faire travailler ensemble. « Avec le temps, on a réalisé que les sciences exactes ne pouvaient pas modifier les trajectoires à elles seules , poursuit Philippe Baret. Le GIEC dit sans cesse : ‘Nous n’arrêtons pas de fournir des informations mais personne ne bouge.’ Une partie des solutions est technologique, mais ce ne sont pas les technologies qui font évoluer les mentalités. Etre rationnel ne fait pas changer les sociétés. Les techniciens doivent collaborer avec les acteurs du social pour favoriser une prise de conscience. »

Si cette prise de conscience semble gagner du terrain, le changement, lui, met plus de temps à se mettre en place, à tel point que l’on pourrait se demander si un autre mode de croissance est réellement possible.

Ne pas trop s’inquiéter

« Cela m’inspire trois commentaires , répond le scientifique. Un : il ne faut pas trop s’inquiéter. La prise de conscience des enjeux en terme de développement remonte à peine à cinq ou dix ans. Une fois qu’une société a compris qu’il y avait un problème, elle met beaucoup plus que dix ans pour changer de comportement. La lenteur du processus n’est pas forcément un mauvais signe. Deux : selon les théories de la transition, il y a trois choses à faire : montrer les limites du système dominant, légitimer les solutions alternatives comme le fait de manger local ou bio, par exemple, et faire converger ces alternatives. Mais la plupart de ces alternatives sont spontanées et fortement indépendantes, les faire converger prend du temps. Personnellement, je pense enfin que l’on met trop en balance les différentes approches à adopter. On assiste aujourd’hui à un rejet de la solution politique au profit des petites initiatives locales globalisées par la suite (lire ci-contre). Les deux ont leur importance et n’impliquent pas nécessairement de renoncer à l’autre. »

« Changer est possible , insiste Philippe Baret. Les gens doivent juste se convaincre qu’ils ont le choix. Je suis anticatastrophiste parce que cela donne l’impression aux gens qu’ils subissent les choses alors qu’il existe des alternatives. »

Toutes les informations sur le congrès sur http://cidd2015.sciencesconf.org/

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